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Une fois qu’elles ont ouvert les yeux / 1975 : Rape Culture

Réalisé par Margaret Lazarus et son conjoint et collaborateur Renner Wunderlich, Rape Culture est un document exceptionnel qui plonge dans le bouillonnement intellectuel et militant du mouvement féministe contre le viol, à peine cinq ans après l’émergence de la thématique parmi les féministes radicales (le documentaire est ensuite actualisé en 1983).

Là où les documentaires contre le viol privilégieront un dispositif de récit personnel par des victimes à partir des années 1990 en particulier1, Rape Culture montre d’abord des femmes et des hommes qui réfléchissent sur le viol dans le but d’y mettre fin : théoriciennes féministes (comme Mary Daly), militantes des rape crisis centers qui essaiment désormais les États-Unis, détenus (condamnés pour d’autres motifs que le viol à l’exception de l’un d’entre eux) membres du groupe Prisoners Against Rape qui collabore avec le rape crisis center de D.C.

La notion de culture du viol qui donne son titre au documentaire n’est pas encore installée dans le discours féministe à l’époque, et on voit la concurrence de néologismes qui n’auront pas la même fortune (le “rapism” de Mary Daly). Elle s’accompagne d’une intégration d’extraits de films de fiction, de publicités, d’images qui résonnent avec les analyses du viol et vont de pair avec une première réflexion sur la censure et sur le rapport féministe aux discours et images sexistes dans la lutte contre le viol.

On peut enfin relever la place importante que donne le documentaire aux articulations entre genre et race dans l’analyse du viol, là aussi caractéristique d’un mouvement contre le viol aux États-Unis qui ne peut en faire l’économie.

  1. Sarah Projansky, Watching Rape. Film and Television in Postfeminist Culture, NYU Press, 2001. []

OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Anne Grand d'Esnon (17 juin 2022). Une fois qu’elles ont ouvert les yeux / 1975 : Rape Culture. Avant #MeToo. Consulté le 12 novembre 2024 à l’adresse https://doi.org/10.58079/d4jr


Par Anne Grand d'Esnon

doctorante en littérature comparée à l'université de Bourgogne Franche-Comté, agrégée de Lettres modernes.

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